jeudi 9 septembre 2010

Rentrée 2010 : un poste à la dernière minute!

Cette année, c'est le stress, comme tous les ans! Le jour de la rentrée des enseignants, je n'ai toujours pas de poste!
On m'appelle le jour suivant, vers 18h30 alors que tous les élèves ont déjà fait leur pré-rentrée, en m'informant que je suis nommée dans un collège ZEP c'est-à-dire un établissement de banlieue.
Je dois faire ma rentrée le lendemain (ce qui est illégal!)... Pour sauver les apparences, on me fait signer un arrêté d'affectation antidaté qui risque de me poser problème plus tard pour la réclamation de mes frais de déplacement...

Je suis plutôt bien accueillie, ce qui reste malheureusement assez rare quand on est TZR! Ceci-dit, d'emblée de jeu, le principal me prévient :
" Vous avez la 3ème Violet, la pire classe de l'établissement! Faites leur des cours au ras-des-pâquerettes si vous ne voulez pas être chahutée!"...

Ça promet!

Les élèves sont toujours plus durs avec les profs remplaçants, car ils ne les connaissent pas et à chaque fois, on doit essuyer un bizutage très déstabilisant quand on n'y est pas préparé. Il nous faut donc redoubler de sévérité pour parvenir à nous faire obéir et installer la discipline dans la classe. C'est usant...

J'ai passé mon weekend à travailler d'arrache-pieds pour préparer mes cours pour 15 jours, car je n'ai jamais travaillé avec ces manuels, et je découvre la classe de 3ème pour la première fois.

Je ne connais pas avec précision la durée de mon remplacement, mais il sera probablement de courte durée si j'en crois les informations transmises par mes collègues. En ensuite ? Je serai prévenue à la dernière minute, comme toujours!

Pour le moment mes conditions de travail ne sont pas optimales car je n'ai pas réussi à me procurer de clefs (pour le parking, pour mes salles), ni de code pour la photocopie. L'établissement a beau être situé en zone sensible, il fonctionne plutôt bien, les personnels (profs, équipe de direction...) me paraissant très investis dans leur travail.
Mais tout de même quelle honte : pour certains niveaux, il n'y a pas suffisamment de manuels scolaires, et il n'y a plus la possibilité de les racheter car les programmes vont changer. Je me demande comment les élèves sont censés réussir dans ces conditions... Curieusement j'ai remarqué que les établissements huppés sont toujours les mieux dotés.

Mon statut : TZR

Je suis professeur d'histoire-géographie-éducation civique depuis 2006. J'ai été titularisée la même année et je pensais naïvement que j'allais enseigner dans un établissement fixe. J'imaginais bien que je ne serais pas mutée dans un établissement chic et savais que mes premières années ne seraient pas évidentes, mais j'ignorais que je me retrouverais TZR!

L'éducation nationale adore les sigles! TZR signifie : Titulaire sur Zone de Remplacement. En gros, les TZR n'ont pas de poste fixe, ils sont mutés au gré des congés maladies sur un, deux voire trois établissements scolaires, sans distinction de niveau, et dans une zone géographique couvrant une centaine de km de diamètre environ (variable selon les régions).

Les plus chanceux ont un poste à l'année, les moins chanceux sont prévenus au minimum 48h avant d'entamer leur service. Pour ma part, en 4 ans, j'ai été mutée sur 9 établissements différents, pour des durées allant de 10 jours à toute l'année. J'ai déjà enseigné à toutes les classes, de la 6ème à la 1ère.

Etre TZR, c'est un véritable enfer! Il faut sans cesse préparer de nouveaux cours, s'adapter à de nouveaux élèves de niveaux très différents, se familiariser très rapidement avec le fonctionnement du nouvel établissement, etc. Et enchaîner les km, car on est rarement muté à côté de chez soi...

Un TZR accumule des points un peu plus rapidement qu'un enseignant normal, mais guère plus vite. A la fin de l'année 2010/2011, je n'aurai toujours pas suffisamment de points pour demander un poste fixe dans ma région ou ailleurs, y compris l'un des pires postes de ZEP (Zone d'Education Prioritaire)... Si j'en crois mon inspectrice, il me faudra attendre encore 5 années supplémentaires (soit 10 ans en tout) pour être définitivement attachée à un établissement.

Bienvenue sur ce blog!

Je suis entrée dans l'éducation nationale en 2006, pleine d'espoirs et d'idées reçues sur le métier d'enseignant. 4 ans plus tard, il était temps pour moi de raconter quelques unes de mes aventures, afin de témoigner à ma modeste échelle de la réalité d'un métier bien souvent méconnu...

Bonne lecture!